Appel à communicationsAppel à communications Conférence internationale « Regards croisés sur la prosodie » Jeudi 21 et vendredi 22 mai 2026, Université Grenoble Alpes, France (campus de Saint-Martin-d’Hères, bâtiment IMAG) Les études prosodiques suscitent depuis quelques décennies un intérêt croissant qui dépasse les frontières de la linguistique traditionnelle (phonétique, phonologie, syntaxe, sémantique et pragmatique) et s’étend à des disciplines connexes : psycholinguistique, neurolinguistique, pratique clinique et médico-légale, traitement automatisé de la langue (cf. Di Cristo, 2004). Bien que la prosodie soit traditionnellement envisagée comme recouvrant l'accentuation, le rythme et l'intonation (principalement exprimées phonétiquement par des changements de fréquence fondamentale/d'intensité/de durée et leurs corrélats perceptuels [Lehiste, 1970 ; Arvaniti, 2020]), nous nous proposons d'inclure au programme la qualité de voix aux côtés des composantes établies de l'intonation et du rythme dans le but de stimuler une réflexion sur la nature des traits prosodiques. L'intonation est un phénomène essentiellement supralexical défini par des variations de fréquence fondamentale et leurs corrélats perceptuels lorsque ceux-ci sont observés au niveau de la phrase ou du constituant (Ladd, 1996 ; Cruttenden, 1997). Elle est susceptible de remplir les trois fonctions essentielles de la parole : linguistique, paralinguistique et extralinguistique (Abercrombie, 1967). Le rythme des langues ou des variétés se rapporte à l'organisation hiérarchique d'unités de parole variablement saillantes au cours du déroulement de la chaîne parlée (Dellwo, 2003). La nature de ces unités varie selon les langues ou leurs variétés. À l’instar de Laver (1968, 1980, 1994), Sharpe (1970) et Mackenzie-Beck (2005), nous considérons la qualité de voix – également susceptible de communiquer des informations linguistiques, paralinguistiques et extralinguistiques – comme résultant de différences biologiques, mais aussi des configurations articulatoires (supralaryngées) et phonatoires (laryngées) imprimées à l'appareil vocal des locuteurs. La configuration articulatoire consiste en la position générale des organes articulateurs. D’après Wilson (2006), il s’agit de « la posture sous-jacente ou par défaut des articulateurs (langue, mâchoire et lèvres) ». Selon Honikman (1964), elle consiste en « le fonctionnement global de la cavité buccale (envisagée comme le cadre dans lequel s’intègrent les sons individuels) qui informe la prononciation d'une langue ». Ceci s'applique également à chaque idiolecte. Les configurations phonatoires désignent la manière dont chaque locuteur fait vibrer ses plis vocaux. Stuart-Smith (2004) les décrit comme des « configurations glottales » ou des « types de constriction » ; c'est-à-dire la combinaison potentielle de types spécifiques de tensions potentiellement exercées sur les cordes vocales. Laver (1994) établit une typologie des différentes configurations phonatoires pouvant être produites. Bien que la prosodie soit traditionnellement envisagée comme un ensemble d'éléments dont la fonction se superpose à celle des traits intrinsèques des segments (Lehiste, 1970), une littérature de plus en plus abondante établit que chez l'enfant, l'acquisition des structures prosodiques précède celle des unités discrètes, tels que mots ou phonèmes (cf. par exemple, Davis et al., 2000 ; Polzehl et al., 2024). Ceci suggère que la prosodie devrait plutôt être conçue comme une matrice sous-jacente dans laquelle les segments sont appelés à s’intégrer. Le but principal de cette conférence est de favoriser une collaboration interdisciplinaire et d'explorer les applications de la recherche prosodique dans des domaines aussi divers que l’acquisition du langage, l’enseignement des langues étrangères, la phonétique légale et clinique, la reconnaissance et la synthèse vocales et la sociolinguistique. Malgré la quantité croissante d'études qui lui sont consacrées, la qualité de la voix demeure sans contredit la composante la plus sous-explorée des éléments mentionnés ci-dessus, d'autant qu'elle n'est pas traditionnellement reconnue comme une composante prosodique. C’est ce qui rend compte de notre désir de mettre un accent particulier sur sa composition et sa description structurelles ainsi que sur les protocoles d'évaluation existants (cf. par exemple, San Segundo et Mompean, 2017, San Segundo, 2021). Les participants sont invités à soumettre leurs propositions de présentations orales et d’affiches portant sur les sujets suivants ou tout autre thématique associée :
Les présentations se dérouleront en anglais, mais les communications pourront aborder toute langue du monde, au choix des participants. Les propositions doivent inclure un titre et un résumé anonymisé d'une page (hors références), et être soumises via SciencesConf (rubrique "Mes dépôts" - https://ugaprosody2026.sciencesconf.org/submission/submit) avant le 16 février 2026. (Il vous faudra créer un compte sciencesconf si vous n'en possédez pas déjà un.) Les communications orales comprendront une présentation de 30 minutes suivie d'une session de questions et de discussion de 10 minutes. Le format requis pour les affiches est Portrait, avec une dimension maximale de A0. Les instructions de soumission sont disponibles à l'adresse suivante : https://doc.sciencesconf.org/en/deposer/deposer.html.
RÉFÉRENCES ABERCROMBIE, D. (1967). Elements of General Phonetics. Edinburgh: Edinburgh University Press. ARVANITI, A. (2020). “The Phonetics of Prosody.” In Oxford Research Encyclopedia of Linguistics (online).Retrieved 14 Jan. 2025, from https://oxfordre.com/lin-guistics/view/10.1093/acrefore/9780199384655.001.0001/acrefore-9780199384655-e-411. CRUTTENDEN, A. (1997 [1986]). Intonation (2nd ed.). Cambridge: Cambridge University Press. DAVIS, B. L., MACNEILAGE, P. F., MATYEAR, C. L., & POWELL, J. K. (2000). “Prosodic correlates of stress in babbling: An acoustical study”. Child Development, 71, 1258–1270. DELLWO, V. (2003). “Rhythm & Speech Rate: A variation coefficient for delta C”. Proceedings of the 38th linguistic Colloquium, Budapest. DI CRISTO, A. (2004). “La prosodie au carrefour de la phonétique, de la phonologie et de l’articulation formes-fonctions”. Travaux interdisciplinaires du Laboratoire parole et langage d'Aix-en-Provence, vol. 23, pp. 67-211. HONIKMAN, B. (1964). “Articulatory Settings”. In D. ABERCROMBIE, D. B. FRY, P. A. D. MACCARTHY, N. C. SCOTT & J. L. M. TRIM (eds.), In Honour of Daniel Jones: Papers Contributed on the Occasion of His Eightieth Birthday 12 September 1961, 73-84. LAVER, J. (1968). “Voice quality and indexical information”, British Journal of Disorders of Communication 3, 43-54. LAVER, J. (1980). The Phonetic description of voice quality. Cambridge: Cambridge University Press. LAVER, J. (1994). Principles of phonetics. Cambridge: Cambridge University Press. LEHISTE, I. (1970) Suprasegmentals. Cambridge, Massachussets: MIT Press. MACKENZIE-BECK, J. M. (2005). “Perceptual analysis of voice quality: the place of Vocal Profile Analysis”. In W. J. HARDCASTLE and J. M. MACKENZIE-BECK (eds.), A Figure of Speech: a Festchrift for John Laver. London: Laurence Erlbaum, 285-322. POLZEHL, T., HERZIG, T., WICKE, F., WERMKE, K., KHAMSEHASHARI, R., DAHLEM, M., MÖLLER, S. (2024). “Towards Classifying Mother Tongue from Infant Cries – Findings Substantiating Prenatal Learning Theory”. Proc. Interspeech 2024, 4199-4203. SAN SEGUNDO & MOMPEAN (2017). “A simplified vocal profile analysis protocol for the assessment of voice quality and speaker similarity.” Journal of Voice, vol. 31, no. 5, pp. 644-e11-644-e27. SAN SEGUNDO, E. (2021). “International survey on voice quality: Forensic practitioners versus voice therapists”. Estudios de Fonética Experimental, Vol. XXX, pp. 9-34. SHARPE, M. C. (1970). “Voice quality: A suggested framework for description and some observations”. In S. A. WURM and D. C. LAYCOCK (eds.), Pacific Linguistic Studies in Honour of Arthur Capell. Pacific Linguistics Series C, 13, 115-132. STUART-SMITH, J. (2004). Phonetics and philology – Sound Change in Italic. Oxford: Oxford University Press. WILSON, I. L. (2006). “Articulatory settings of French and English monolingual and bilingual speakers”. Unpublished PhD Thesis. University of British Columbia. |
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